Retour à l’emploi des chômeurs de longue durée : refuser le tour de passe-passe et choisir l’alternance


Contrairement à ce qu’a récemment prétendu le gouvernement, encore une fois sous la pression d’un patronat à l’affût de nouvelles baisses de "charges" tous azimuts, ce n’est pas l’apprentissage qui peut répondre au défi du retour à l’emploi des chômeurs de plus de 50 ans, mais le renforcement et la mise en œuvre effective de dispositifs de professionnalisation comme l’alternance.

Derrière un effet d’annonce qui ressemble davantage à du "charity business" qu’à une politique cohérente et concertée pour l’emploi durable, un tour de passe-passe se dessine : on assiste ainsi au retour des préconisations du Rapport Boissonnat qui, à la fin des années 90, proposait la mise en place d’un contrat d’activité, avec un revenu garanti sur 5 ans, contre la possibilité de prêt de salariés entre entreprises autant que de besoin…

Face à la pénurie de main d’œuvre liée aux transitions démographiques, énergétiques, technologiques et environnementales, le patronat cherche, encore une fois, à mettre en place un nouveau type contrat de travail si possible moins rémunéré, ou payé par les collectivités locales, afin de capter un salariat précarisé et l’enfermer dans un sous-contrat de travail.

Dans cette tentative, il rencontre, de nouveau, l’oreille bienveillante d’un gouvernement qui, depuis le début du quinquennat, entretient de graves confusions entre la formation initiale et la formation tout au long de la vie et, par répercussion, sur la place et le rôle des différents contrats existants.

La CGT rappelle que le contrat d’apprentissage est en effet un contrat relevant de la formation initiale, en complémentarité avec la voie scolaire d’enseignement professionnel. Son but est d’amener un jeune en formation à une certification professionnelle, facilitant son insertion professionnelle comme sa poursuite d’études.

Ouvrir l’apprentissage aux privés d’emploi de longue durée en dénaturerait la fonction. Laisser faire renforcerait encore la confusion entretenue par le Ministère du Travail entre formation initiale et continue, en portant préjudice aux deux systèmes de formation. Si le projet du gouvernement voyait le jour, quel serait, dès lors, le rôle des contrats de professionnalisation, également appelé "formation en alternance", dont le but est justement l’insertion dans l’emploi ?

Actuellement, le patronat utilise massivement ce type de contrat pour les jeunes afin de transférer le financement du parcours, qui se faisait autrefois dans l’entreprise, sur la collecte de professionnalisation. De fait, le contrat de professionnalisation débouche, dans la très grande majorité des cas, sur des embauches en CDD en sortie de formation initiale. Il est ainsi détourné de sa fonction première, puisque le contrat de "formation" est transformé en contrat de "production". C’est d’ailleurs une des fraudes courantes dénoncées par les services de l’inspection du travail.

En envisageant de répondre au défi du chômage de longue durée par l’apprentissage, on touche ainsi au vieux rêve d’un patronat qui revendique (Gattaz père et fils en tête), de former a minima dans l’entreprise, en dehors de tout contrôle et de toute certification permettant la reconnaissance des qualifications acquises.

Pour la CGT, il est urgent de revenir aux fondamentaux et de ne pas brader les dispositifs qui existent : S’il s’agit de développer l’alternance, outil pédagogique de formation des salariés en situation de travail, pour permettre aux privés d’emploi de longue durée de revenir à l’emploi, elle applaudit, car c’est bien la voie du contrat de professionnalisation qui doit être retenue et proposée aux chômeurs de longue durée.

Le dispositif visant à la qualification et à l’insertion existe : le contrat de professionnalisation, dit "formation en alternance", est disponible en CDD comme en CDI. En plus d’imposer l’identification d’un tuteur dans l’entreprise, la loi encadrant ce type de contrat permet de le doter d’aménagements adaptés, d’ouvrir la question de la certification des tuteurs, et de favoriser l’inscription dans un parcours de qualification débouchant le plus souvent possible sur une certification professionnelle digne de ce nom.

Pour que ce type de contrat soit pleinement utilisé aux fins de combattre le chômage de longue durée et permettre, notamment, le retour à l’emploi des chômeurs de plus de 50 ans, la CGT exige qu’il soit mis fin à la dilapidation des financements de la professionnalisation pour maintenir les jeunes dans une précarité prolongée.

Pour la CGT, il est nécessaire de :
- Ramener les contrats de professionnalisation à leur finalité : l’accès à l’emploi de toutes celles et tous ceux qui le souhaitent, donc majoritairement des privés d’emploi ;
- Réserver, de façon stricte, ce type de contrat aux jeunes sortis du système scolaire sans qualification, en renforçant l’accompagnement de ce dispositif par le service public de l’orientation régional ;
- Permettre le maintien du contrat de professionnalisation pour les jeunes ayant besoin de finaliser l’accès à un diplôme professionnel (comme par exemple : sortie en fin de 1re pro et une année pour accéder au BAC pro) ;

La CGT est prête à en discuter, avec l’objectif de sécuriser l’emploi par un débouché de la formation en alternance vers un emploi pérenne, première étape vers une sécurité sociale professionnelle.

Le gouvernement et le MEDEF détournent trop souvent cet objectif de son sens vers toujours plus de flexibilité, de précarité et de sous-emploi, pesant ainsi lourdement sur le pseudo « coût du travail ». La CGT y oppose la baisse du "coût du capital" pour une formation de qualité et une insertion dans un l’emploi durable.

Article mis en ligne le 12 mai 2014 par Laurent



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