L’industrie du futur : un projet déconnecté des réalités


Lancé le 18 mai, par le Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, Emmanuel MACRON, le projet "Industrie du Futur" est la 2nde phase de la "Nouvelle France Industrielle", initiée par son prédécesseur Arnaud MONTEBOURG fin 2013.

Réaffirmé par le Ministre Emanuel MACRON, le 20 juillet, lors de la première réunion du comité de pilotage du projet, l’"Industrie du Futur" se veut être la matrice de la stratégie industrielle française, dont les objectifs affichés sont la modernisation de l’outil industriel et la transformation du modèle économique par le numérique.

La CGT émet plusieurs réserves sur ce projet "Industrie du Futur", qui pour elle, n’est pas une véritable politique industrielle, mais plutôt un projet déconnecté des réalités :
- Peut-on réindustrialiser sur un terrain de ruines ? Il y a une contradiction entre la prétendue ambition du gouvernement de réindustrialiser la France alors que régulièrement des usines sont restructurées ou fermées et des filières industrielles structurantes sont démantelées.

- Peut-on limiter une stratégie industrielle à 9 solutions prioritaires ? La politique industrielle du gouvernement est une politique de niches. Elle abandonne ainsi un certain nombre de filières industrielles qui répondent pourtant à des besoins réels et qui participent au développement économique.

- Peut-on envisager que la "Nouvelle France Industrielle" soit sans usine et constituée uniquement de vitrines technologiques ? L’ambition du gouvernement est de vendre des solutions à l’international. Pour cela, le projet est de développer des vitrines technologiques, des usines prototypes et non pas de véritables capacités productives. La CGT revendique une véritable politique industrielle qui doit se bâtir sur des objectifs de développement des capacités productives et de création d’emplois, totalement absents de ce projet.

- Peut-on cantonner les salariés à s’adapter à l’"Industrie du Futur" ? Le projet gouvernemental est une transformation du mode de production par le numérique. Heureusement, qu’il précise que "l’homme" est au centre !!! Son intervention reste limitée à sa seule formation. La CGT réaffirme ses propositions : les salariés doivent intervenir sur l’organisation du travail, sur la stratégie de l’entreprise, sur la répartition de la valeur ajoutée, sur le contrôle et le suivi des aides reçues par les entreprises.

Un certain nombre de dispositifs, d’aides au développement industriel ont déjà été mis en place sans en dresser l’état des lieux. L’"Industrie du Futur" est une couche supplémentaire dans ce millefeuille dont l’efficacité économique, sociale et environnementale est contestée. De plus, il est regrettable que la mise en œuvre de ce projet gouvernemental soit confiée à une association loi 1901 "Alliance", constituée quasi-exclusivement du patronat. Démocratie et transparence sur ce projet risquent d’en pâtir.

Pour la CGT, la transformation de l’industrie par le numérique est une réalité qu’on ne peut ignorer. Pour autant, cette transformation doit être guidée par le progrès social et la transition écologique plutôt que par la rentabilité des entreprises et la rémunération des actionnaires.

Article mis en ligne le 21 juillet 2015 par Laurent



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