PSA-Aulnay, les mots de la fin


"PSA-Aulnay, les mots de la fin"

Documentaire réalisé par Francine Raymond et Ludovic Fossard

Planifiée par la direction du groupe PSA depuis 2008, la fermeture du site de construction automobile d’Aulnay en octobre 2013 s’inscrit dans la stratégie qui privilégie le capital au détriment de l’emploi. Le documentaire "PSA-Aulnay les mots de le fin" qui restitue cette lutte ouvrière.

Ils s’appellent Ghislaine, Sophie, Frank ou Salah.

Leur point commun : être des ex-salariés de l’usine PSA d’Aulnay sous Bois (Seine-Saint-Denis) dont ils apprennent la fermeture en juillet 2012 et qui arrête ses chaînes de montage en octobre 2013. Devant les caméras de Francine Raymond et Ludovic Fossard, c’est l’histoire de cette lutte contre la casse industrielle que vont revivre ces quatre ouvriers, syndiqués ou non, avec en toile de fond les images filmées pour le blog "Aulnay Story"

A leurs côtés, Jean-Pierre Mercier, délégué CGT et leader syndical dans ce conflit.

Face à eux, Philippe Dorge, l’actuel DRH du groupe PSA Peugeot Citroën, porte-parole sans état d’âme de la stratégie financière du groupe et Jean-Luc Vergne, DRH de 2000 à 2009 qui regrette que l’on n’ait pas choisi de préparer plus en amont la fermeture du site.

Tous expriment leur vision, ou leurs doutes, sur la notion de "dialogue social".

Une casse planifiée

Les réalisateurs ont choisi de retracer tout le conflit, rappelant l’existence d’un document classé confidentiel déposé anonymement dans le casier du syndicat CGT en 2010. Y était détaillée toute la stratégie du groupe en préparation de la fermeture du site d’Aulnay qui compte alors trois mille salariés. Une stratégie déjà préparée depuis 2008. Jean-Pierre Vergne indique qu’entre 2011 et 2014, le délai aurait dû permettre de mener cette stratégie "dans une certaine tranquillité".

Ce qui ne fut pas le cas, la direction de PSA choisissant de nier en bloc la prochaine fermeture d’un site de construction automobile en région parisienne, surtout, précise l’ex-DRH, "à quelques mois des élections présidentielles". On sait aujourd’hui qu’a été transférée en Slovaquie la production de la prochaine génération de Citroën C3, produite à Poissy (Yvelines). Comme le rappelle un des ouvriers d’Aulnay, "il faut que sur les autres sites de PSA, les ouvriers sachent que désormais, ils sont peut-être les prochains en tête de liste de fermeture."

Le conflit sera d’autant plus dur que les salariés de PSA-Aulnay ont donc eu dès le départ la sensation qu’on leur a menti en leur présentant chaque année des tableaux de bord très positifs sur la qualité de la production et l’avenir de cette usine "modèle". Un discours convenu et entendu des dizaines de fois dans de nombreux secteurs industriels.

La suite est l’histoire, hélas si classique, d’une lutte où la direction de l’entreprise n’entend pas négocier avec les salariés mais bien continuer de servir de confortables dividendes à ses actionnaires : à l’occasion d’une hausse de capital de trois milliards d’euros, les actionnaires de PSA ont touché 100 millions d’euros et le nouveau PDG Carlos Tavares a dû concéder que son salaire annuel brut, sans compter la « part variable » est de 1,3 million d’euros.

Quand l’inacceptable devient inévitable

Avant son élection, François Hollande déclarait que le plan social de PSA était inacceptable. Devenu président, ce plan devint tout à coup… inévitable rappelle le délégué CGT de PSA Aulnay… L’espoir suscité par l’élection de François Hollande va en effet vite être douché par le choix de son gouvernement de renflouer à hauteur de sept milliards d’euros de fonds publics la banque PSA Finance plutôt que de soutenir la production automobile. Fort difficile alors d’être crédible en parlant de "redressement productif"…

Bien entendu, la direction de PSA n’entend rien négocier : "Ce n’est pas une négociation, il n’y a pas de négociation" martèle Marie-Laure Dufresne-Castet, avocate de la CGT pendant le conflit. "Il y a des employeurs qui ont préparé des accords dans le secret de leur cabinet et qui disent : "C’est ça ou rien". Vous avez une toute petite marge, c’est celle que nous vous avons préparée. Et l’accord qui a été signé, c’est ce qu’avait prévu PSA depuis le départ, et les syndicats qui ont signé cet accord, à mon sens, se sont déshonorés." Seule la CGT a en effet rejeté cet accord a minima.

A la fin du tournage, seul un tiers des ouvriers ont été reclassés dans le groupe, mais pour combien de temps ? Pour les autres, ce sont des « mesurettes », des miettes qui sont distribuées avec parcimonie, sans assurer leur avenir ni celui de leurs familles.

"Je ne fais pas le procès du politique", précise Francine Raymond, qui estime cependant que "pour comprendre pourquoi les ouvriers se désintéressent du vote, il faut observer comment se déroulent les plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) dans les entreprises de l’importance de celle d’Aulnay".

Article mis en ligne le 12 octobre 2015 par Laurent



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